22/08/2015

Les cours du pétrole semblent condamnés au Yo-Yo

petrole.jpg

Le baril a beau rester, en valeur absolue, à un niveau élevé, la soudaine décélération observée depuis quelques jours cristallise les inquiétudes de l'Opep. Réuni aujourd'hui au Caire, le cartel a l'intention de prendre les mesures pour enrayer une chute qu'il juge trop rapide. Reste à savoir si l'Organisation se prononcera immédiatement en faveur d'une baisse de ses quotas – fixés à 27 millions de barils par jour (mbj) – ou si elle préférera d'abord rogner sur sa surproduction : hors Irak, l'Opep fournit actuellement 28 mbj.

Le prix du pétrole progresse.


Alors que le baril progressait légèrement hier à New York, supérieur à 42 dollars, les pays producteurs s'interrogent aujourd'hui sur leur fourchette de référence : en théorie, la bande officielle est toujours comprise entre 22 et 28 dollars, mais, voici quelques jours, des membres du cartel ont évoqué l'hypothèse de la relever entre 28 et 30-32 dollars. Leur raisonnement est simple : après la flambée des derniers mois, l'Opep compte continuer à en tirer les dividendes au point que le Nigeria, hier, faisait savoir que 35 dollars seraient «un bon prix». On s'éloigne donc considérablement de la fourchette de référence. En même temps, l'Organisation a beau jeu de souligner que la volatilité du marché – pour laquelle elle nie toute responsabilité – est aujourd'hui trop forte pour parler d'un prix raisonnable. C'est là que les prévisions pour les mois à venir prennent tout leur poids.


L'année prochaine, le prix du pétrole devrait rester très volatil et «fluctuer entre 30 et 60 dollars le baril», selon Jean-Marie Chevalier, directeur du Centre géopolitique de l'énergie et des matières premières. Avant d'ajouter «trop de variables entrent en compte, on ne peut plus prévoir, on ne fait que des scénarios», pour justifier l'amplitude de la fourchette de prix évoquée. Parmi les paramètres de l'équation figurent les tensions géopolitiques, la capacité des producteurs de pétrole à exploiter des ressources nouvelles et la durée de vie des réserves prouvées. Paradoxalement, cette dernière a cru au cours de trente dernières années. Estimée à trente ans de consommation en 1973, elle était passée à quarante-sept ans en 2013. Les progrès techniques et l'amélioration des méthodes d'exploitation expliquent cette évolution. A cela s'ajoute le fait que plus le prix du pétrole grimpe, plus la durée de vie des réserves s'allonge, parce que l'exploitation de certains gisements devient économiquement viable. Mais les «nouveaux contrats pétroliers» échappent à cette logique, «Le «production sharing agreement» oblige la société pétrolière à rendre du pétrole à l'Etat propriétaire lorsque les prix montent», explique Pierre Palasi, président d'Edmond de Rothschild.

la faiblesse de l'offre.

La grande volatilité des cours s'explique aussi par la faible élasticité de l'offre, alors que les capacités de production ne sont pas loin d'avoir atteint leur maximum. La moindre nouvelle suffit à faire varier les cours. De plus, les capacités de raffinage sont utilisées à 95% dans le monde, comme les capacités de transport (tankers). La marge de manœuvre à la hausse est faible, tandis que l'ampleur de la hausse de la demande chinoise reste une des inconnues pour 2016. «En 2013, l'augmentation de la consommation de la croissance de brut de la Chine a été équivalente à la production annuelle du russe Youkos», rappelle Pierre Palasi, qui ne prévoit pas de scénario d'autorégulation de la crise actuelle avant trois à cinq ans. Scénario qui implique la conjonction de quatre facteurs : un fort ralentissement de la consommation chinoise, la mobilisation des pays développés en faveur des économies d'énergie, le développement des énergies de substitution et un ralentissement modéré de l'économie mondiale.

Publié dans Votre argent | Lien permanent |

Les commentaires sont fermés.